Préambule :
Dans un coin de mon bureau,
Une bougie
De l’autre, un vers d’eau
A moitié remplie :
Le poète n’a de richesse
Que ses vers qu’il confesse !
Devant moi s’ouvre tout un royaume
Fait d’allégorie, de psaume…
Alors, j’ouvre mon cœur
Au détour de quelques mots
J’imprime ma feuille de noirceur
Avec le doigt pointeur de mon plumeau :
Il raconte mes vingt ans de silence (…)
Il pense ! Et j’en démontre :
Il danse, se balance
Chante avec une voix de haute-contre :
«Sachez brave gens, je n’ai que vingt ans !
– Je n’ai que vingt ans !» répète l’écho de cocagne
« La jeunesse m’a faite compagne pour un temps !
Mais moi qui vous sermonne, je ne suis qu’en khâgne
Où le bel âge frissonne de ses plus beaux apparats
Que la morale et la sagesse n’oppressent guère ! »
Hélas pourtant…. Pourtant ma chaire devenue las,
N’a vu qu’une jeunesse éphémère
Passante au loin,
Distraite en tout point.
Oserais-je dire haut et fier, avec toupet
« J’ai vingt ans certes, mais pourquoi
Devrais-je me dire pédant pour cela ?» ?
Non ! Au diable les démarches sans intérêt.
J’ai la prétention
D’avoir vingt ans
Tout simplement.
Ceci sera ma seule concession !
Pardonnez –moi ces quelques vers
Que ma jeunesse au bouton de sa maladresse
Clame au diable vauvert :
« Le poète n’a de richesse
Que ses vers qu’il confesse ! »