L’Amour

 

L’Amour 

 

Lettres d’amour

I

Toi qui as si peur de me perdre en chemin

Je n’ai de cesse de te murmurer aux grands vœux

(Le destin l’a déposé sur un parchemin)

« Seul le funeste Carvin aura raison d’eux :

De leur Amour et de leur alliance sincère :

Que la félicité les couvre de lumière »

Ne pleure pas des larmes qui n’ont pour valeur

Qu’un triste sort de pensées à pure perte

Laisse moi percevoir auprès de toi ta chaleur

Rentrer dans ton âme, qui plus est offerte

A mon cœur qui ne jure que par le tien

Abjurant la solitude devant témoin !

Ne repousse pas la joie qui te submerge

Quand surgit le doute de la postérité

Chasse de toi – la fuite aisée – qui émerge

De ton chef, supplantant à la vérité.

Partageons le collier d’Amour qui nous forme

Nous fusionne, nous guide vers l’uniforme

II

 

(…) Qui êtes-vous ? Pourquoi avez-vous mon cœur ?

Ce n’est que peu de chose que vous avez là !

Je vous aime… Ne m’en tenez pas rigueur

Le jour où là même mon âme s’en mêla.

Je hais l’amour comme je hais la chance

Ils fondent tous deux le hasard universel

Deux principes égaux dont je n’ai d’aisance

Que la seule définition qu’ils en recèlent

Cependant, je ne puis me soustraire à mon gain

Car s’en est un ! Je vous l’assure sans regain

Et je me félicite de l’avoir gagné

Le gain de vous connaître et qui est mien

Je n’irais certes pas échanger tous mes biens

Car j’ai maintenant la chance de vous aimer !

 

III

Je n’irais pas vous dire toutes mes pensées

Celle qui sont à vous et que je cultive

Mes rêves, languis de mes doutes insensés

Ne m’apportent que des pierres que je clive

Il ne me faudrait bien peu de temps encore

Pour que je puisse me morfondre dans les nues

Vous laissant aux grands soins mon vétuste corps

Charrié par vos commodités charnues

Toutefois, voyez là un langage d’esprit

Je ne voudrais pas recevoir de mépris

Tant de lettres s’ennuient d’un commun mortel !

Ne soyer pas surpris de cette missive

Elle était en moi avant que je l’écrive

Jusqu’à conter en gros, encré sur ma stèle

 

Dort Princesse

Encore toute endormie dans ses rêves

Que seule son âme relate en trêve

Attrapant par là tous les désirs au verveux

Je lui caresse doucement les cheveux

Ma princesse au visage de jeunesse

Apportant cette lumière qui lui confesse

Toute la beauté des traits cabalistiques

J’inhale son parfum divin, romantique

Je me lambine sur les traits de sa bouche

Je m’attarde sur ce rempli si farouche

Qui m’apporte les doux baisers de réconfort

Quand je ne vois plus au loin les sémaphores

Lecteur, pardonnez-moi ma bouche en coeur

Quand en deux vers je clame haut en chœur

« T’es-tu déjà musardé devant la beauté,

Toi qui rêves de lèvres exquises à embrasser ? »

Je m’empresse, avec une fougue emplie

D’un Amour détresse qui n’est que trop remplie,

De lui porter un long baiser délivreur

Mais je m’arrête au-devant de cette erreur

Je ne voudrais pas qu’elle cille de surprise

Que ma joie de la voir ne soit pas comprise

Qu’elle me surprenne ainsi et se consterne

Que Morphée ne supplante pas à mes cernes

Il est doux d’avoir une femme au creux de ses bras !

De penser au serment qu’un jour on célébra

De l’aimer au plus cher de l’inestimable

Ne pas lui dire aurait été condamnable

Fasciné par ses yeux, aux premiers des regards

Moi qui n’étais alors qu’un pauvre couguar !

Cette nymphe m’a envoûté, moi le fauve !

Perçant là même tous mes secrets d’alcôves

Oh ! Dors ma princesse, oui dors encore

Ma tendre, je berce et chéris ton corps…

Que tes rêves ne cessent avant l’aurore

Que mon Amour ne cesse pour toi Aurore.

 

Malade

Je suis tourmenté d’un mal que connaissent

Les longs soupirants partit à la conquête

De l’écrasante absence, au loin de lorette

Abjurant leur pauvre existence qu’ils délaissent

Moi, l’ingénue et elle la belle Vénus

La séparation ténue me pèse à l’âme

Éloignant ma chaire dolente de cette dame

Je suis empoigné fermement par ce virus

Je me languis, me fane au soleil couchant

Quand la nuit n’extirpe qu’un halot vaillant

Offert par la lune au chagrin de mon cœur

Qu’il ne tarde pas de percevoir l’aurore

Je suis transi, faute de chaleur de son corps

Je la désire en attendant des jours meilleurs

 

Fine anse de ton corps endorphine

Heureux en amour, j’ai la maladresse du jeu

Argent que je vénère me pourvoit guère qu’en temps

Je dors sur la fortune de mes aïeux

Autant dire que la richesse en emporte le vent

Ce savoir procurant le pouvoir à ceux

Qui guettent le beau temps, au soir de grande pluie

Qui attendent la nuit par le chas d’une souris

Mieux que jamais ils tardent ici en galvaudeux

Rien ne pourra juger ni refaire mon destin

Tiens ! Coutume n’a de fois que celui qui s’y tient !

La mienne pourvu de t’aimer où elle s’enticha

Ma lourde peine chaque jour suffit à la loi :

Loi dernière, rigolant bien de mes faux pas

Loi première, dernière apaisante auprès de toi

Analogie des expressions proverbiales de ce sonnet :

 

Heureux au jeu, malheureux en Amour

Le temps c’est de l’argent

La fortune vient en dormant

Autant en emporte le vent

 

Savoir, c’est pouvoir

Après la pluie, le beau temps

La nuit, tous les chats sont gris / Par le  trou d’un souris

Mieux vaut tard que jamais

 

Il ne faut jurer de rien

Une fois n’est pas coutume

Qui aime bien châtie bien

 

À chaque jour suffit sa peine

Rira bien qui rira le dernier

Les premiers seront les derniers

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